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2 commentaires

Nos meilleurs souvenirs : Jean Barthélémy

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09/04/2020

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LE meilleur souvenir de Nono

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 «  les templiers »

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Ding Ding Ding Ding Ding, 5 heures du mat, enfin j’attendais au fond de mon duvet, ce son métallique venant du clocher de Nant.

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Un son qui me réveille régulièrement depuis deux jours, je n’ai nul part ailleurs , entendu ce son caractéristique, pas de dong, non seulement des ding.

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Mon calvaire va t-il commencer sur cette note. Aujourd’hui, mon Everest à moi, c’ est les Templiers, un ultra-trail de 65 km comportant 3000 mètres de dénivelés dont 1800 positifs ;

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Ma seule hantise du moment, ce sont mes tendons d’ Achille, out depuis 6 semaines, J’ avale sans envie mon lait de soja en regardant mon « sac de voyage » fait la veille de peur d’ oublier ma ration de «  survie » Alimentation , couverture de survie, sifflet etc.,Je blaxonne mes tendons en les strapant et en mettant 2 paires de chaussettes pour amortir les chocs.

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Je mets le nez dehors , il est 5 h 30 , ma lampe frontale éclaire une nuit noire et glaciale, zéro degrés brrr !!! la température qui s’élève n’ est pas météorologique , j’ ai l’ impression d’ avoir 40° de fièvre dû à la peur, l’ appréhension, le stress du départ mais la maladie qui me tenaille s’ appelle bien «  les templiers ».

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Paraît-il que l’ ultra-trail fait peur, sur la ligne de départ plus de 2000 coureurs sont pourtant présents comme moi…

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6 h 00, des centaines de lucioles pourfendent la nuit Aveyronnaise à l’ assaut du COMBEREDONDE. Petit sommet à 800 mètres.

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Séance d’ échauffement, je me cale au centre du troupeau, la transhumance commence. L’ascension paraît facile mais déjà un goulet d’ étranglement a lieu aux 5 km dans le FRAYSSINET – bas 100 mètres d’ ascension pour 200 mètres de progression ? Ce flan de CAUSSE se laisse finalement dompter, Suivent dans la foulées , SAUCLIERES, ST GUIRAL, qui comportent la montée du col de la GUERITE en gros 10 km de montée au petit jour avec quelques forts pourcentages . Malgré ces difficultés, le corps ne s’ échauffe pas.

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Les prémices de l’hiver s’ annoncent en ces jours de Toussaint, la neige fait son apparition. Je conserve ma garde robe sur le dos. Je gravis non sans mal la GUIRAL, bilan 25 km de parcours, température – 6° . Vivement la descente sur la DOURBIE et son RAVITO, erreur , le sol est gelé sur des kilomètres, cette 9ème édition s’ annonce difficile pour les organisateurs, première alerte , fracture du bassin pour l’une d’ entre nous . La sagesse et la vigilance seront mes principaux compagnons dans mon périple.

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Sur le versant nord du ST GUIRAL , à flanc de colline, j’ entends un hurlement derrière moi, je ne peux pas intervenir , une cinquantaine de coureurs m’ empêche de faire demi-tour. Une nouvelle fois le long serpentin de traileurs vient de perdre une unité. L’ attaque de la descente sur DOURBIES me cristallise les muscles des cuisses et me ratatine les doigts de pieds, mes deux paires de chaussettes sont-elles nécessaire ? C’est aussi le prix à payer pour préserver mes tendons.

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Premier ravitaillement complet 33 km, 5 heures de course avec 1 h 30 d’ avance sur l’ horaire d’ élimination, je m’ éloigne de la zone rouge.

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Reste à conquérir la crête du SUQUET avec ses 500 mètres de dénivelés et de parvenir à mon premier but : atteindre 42 km et de retrouver l’ atmosphère chauffée d’ une salle de ravitaillement à TREVES. Quel nom prédestiné pour une étape.

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Après les calcaires du NANT, j’ai le nez dans le SCHISTE cette montée à 45 % n’est pas un terrain de jeux pour un normand et surtout pas de la plaine d’ Argentan, c’est bien la première fois que je cours avec l’ aide de mes mains, c’est dantesque . L’homme a des ressources insoupçonnées. J’atteins enfin les les 1300 mètres , la neige laisse place à la pluie et au vent.

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Mon bonnet me sert de parapluie mais aussi de chauffage car la perte calorifique serait néfaste à la suite de mon trail , même pour la photo traditionnelle. Mon sac à dos m’ occasionne des douleurs cervicales et m’ empêche de tourner la tête à gauche. C’est aussi une façon de ne pas regarder ceux qui me doublent de ce côté.

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La descente sur TREVES est infernale , seule solution pour finir est de s’ accrocher aux branches ou ce qu’il en restent , vu ma position dans le peloton.

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Enfin, 44éme kilomètre, j’ ai gagné une partie de mon pari, je m’ alimente non sucré pour changer le goût , vache qui rie d’un côté, coureur qui pleure de l’autre , mon voisin de camping jette l’ éponge, fracture du pied.

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Je reste peu de temps, il fait trop chaud dans la salle. Le froid me rattrape aussitôt, le temps de traverser une petite route. Une nouvelle côte m’ entrelace dans ses méandres qui doivent me mener sur le CAUSSE NOIR.

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Ce n’est pas la plus dure étape, mais la gestion musculaire est importante pour pouvoir amorcer avec sérénité la descente de CANTOBRE réputée très dangereuse située prés le 50ème kilomètre. Je m’ alimente sérieusement sur le CAUSSE et discute un peu pour faire passer le Temps.

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Les postes de secours sont de plus en plus nombreux. Les toubibs motorisés passent et repassent . La pluie tombe de plus belle, les kilomètres s’ égrainent dans les jambes autant que l’ acide lactique, j’ai besoin d’ un moral d’ acier pour finir. Je le trouve en pensant à ma femme, à mes potes de club.

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J’ arrive sur un surplomb dominant la vallée ; où est passé mon chemin ?

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Deux soldats du feu m’ interpellent et m’ aident à entamer la fameuse descente de CANTOBRE, la chute de nombreux coureurs vers TREVEZEL témoigne du pittoresque de cette descente qui se fait à l’ aide d’ une corde sur sa majeure partie.

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CANTORBE, ravitaillement allègé, j’ai plutôt envie d’ avaler les 11 km qui me reste que de m’éterniser ici. Un ancien templier me dit, certainement pour me rassurer que nous sommes dans la motié du peloton . C’est une bonne nouvelle et qu’il nous reste 2 heures pour finir… Quoi !!! 2 heures pour 11 km ! Il est hypo c’ est pas possible ….. !

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Note de l’ auteur : « vous aurez la suite en écoutant France inter PTT  !!! »

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Commentaires

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  1. Jouadé dit :

    Bravo Nono, super récit captivant. Je souffrais avec toi. L’avantage de t’avoir lu, c’est que je suis certain de ne pas faire ce trail !

  2. nono dit :

    tu peux le faire cette version des templiers a était reprise a Nant par une nouvelle équipe ,les hospitaliers .Je pense qu’elle plairait a beaucoup d’entre nous (pas de bling-bling)et c’est en octobre ,donc pas de confinement!!

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